dimanche 10 octobre 2010

Toukaber et Chaouach: "Retour aux sources"

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Disons-le franchement : en cette période d’après-fêtes, on a bien besoin de détente (!), mais guère coûteuse ni en argent, ni en effort. Juste une sortie qui «remette les choses en place», nous fasse retrouver sérénité et bonne humeur.

Une petite évasion pas trop éloignée qui sollicite davantage les sens que l’essence. En un mot : profiter sans trop se torturer les méninges. C’est fait ; c’est trouvé : nous irons à Toukaber et à Chaouach. «Deux excursions en même temps ? C’est ça votre proposition soft?». Mais n on; plutôt deux délectations en une seule sortie.

Territoire des Afris

Toukaber et Chaouach, nous connaissons. Nous nous y sommes rendus voilà près de dix ans. Et, comment dire ? Le temps a fait son effet, en bien et en mal. Alors, évidemment, les choses ne sont plus tout à fait les mêmes, d’autant qu’une fréquentation relativement régulière durant cette décennie a permis de nouvelles découvertes, de celles qui ne se livrent pas de prime abord.

Alors, tout ce paquet de considérations justifie un retour à Toukaber et à Chaouach.

Les usagers de la RN5, reliant Tunis au Kef, ou de la RN6, menant à Béja, ne peuvent pas ne pas remarquer, par temps clair, au tournant de ces routes en direction de l’ouest, à la sortie de Mejez El Bab, cette tache blanche accrochée, à gauche, à Jebel Lansarine qui barre l’horizon et, plus à droite, cette autre traînée de même couleur qui court au flanc de la montagne : ce sont, respectivement, Toukaber et Chaouoach. J’affectionne cet angle pour voir ces deux faux jumeaux. Parce que lui seul me permet, en reportant mon regard sur la ville de Mejez, de deviner une partie de ce territoire en triangle dont le troisième sommet se situe plus au nord, à Mateur, pour être précis, qui fut celui des Afris. Vous connaissez ? C’est le nom de cette tribu libyque — ou berbère dont dérive le vocable «africa». Parfaitement ; celui qui, par extensions successives, a fini par désigner tout un continent. A chacun de mes passages par cet endroit, je pleure la perte d’un sanctuaire qui devrait être un véritable lieu de pèlerinage, et pas rien que pour les Tunisiens. Mais, bon…

C’était là ma première découverte après ma vadrouille de 1996. Mais ce n’est pas ici qu’on accède à Toukaber et à Chaouach. Pour s’y rendre, il faut entrer dans la ville de Mejez et, juste après le pont sur la Mejerdah, tourner à droite, direction Tébourba. Peu après, à hauteur de la gare ferroviaire, une pancarte nous invite à emprunter, sur la gauche, la bretelle qui, après une ruée dans la plaine, entreprend d’escalader le jebel pour atteindre, 10 km plus loin, Toukaber.

L’ascension est un pur exercice de plaisir. La route rampe vers le sommet à la manière d’un reptile, contournant les renflements du relief, toujours tendue vers le haut. La pente est recouverte tantôt d’essences forestières, d’arbustes de toutes sortes, tantôt de cultures, le plus souvent arboricoles. C’est un plaisir pour les yeux, mais le plaisir est bien plus étendu lorsque, au détour du ruban gris, la vue s’échappe en contrebas, sur la vallée de la Mejerdah que la croissance des cultures céréalière transforme déjà en une superbe draperie verte.

Toukaber, ancienne Thoccabri

Toukaber qui, au gré des sinuosités de la route, se montre et se cache, apparaît enfin, surplombant des pentes plantées en drus vergers. C’est l’ancienne Thoccabri, dont, apparemment, l’étymologie renvoie à la présence de tombes, les caveaux funéraires libyques aménagés dans la roche, en amont du village, au surplomb de la vallée. Voilà pour la présence libyque. La présence romaine, elle, est beaucoup plus dense. Ce sont d’abord les captages de sources qui alimentent encore le village et arrosent les vergers et dont l’aménagement antique est parfaitement reconnaissable. Ce sont aussi les 6 citernes encore debout à l’entrée du village et reconverties en… écuries. Ce sont encore les deux arches et d’autres citernes à demi-enfouies dans le sol d’un verger accroché aux pentes dévalant au pied de la localité.

Ce sont, enfin, bien d’autres choses encore sous sol.

Là ne s’arrêtent pas les particularités du village qui a subi, mais nous ne l’avions guère soupçonné la première fois, une influence andalouse. N’allez pas chercher de décors en stuc ouvragé, mais simplement l’organisation de l’espace dans les demeures anciennes et, surtout, les toitures en briques, si caractéristiques. C’est la deuxième découverte effectuée après l’ascension du minaret de la mosquée retapée à neuf. Mais les signes annonciateurs de la disparition imminente de ce patrimoine se sont multipliés depuis cette découverte.

Chaouach, la cité de Suas

Allons à présent quelque trois kilomètres plus loin. C’est Chaouach. Les mêmes éléments civilisationnels constituent le fonds patrimonial de cette localité. Celle-ci est nettement plus grande et plus peuplée que la précédente. Et tout y est en proportion : les caveaux funéraires sont ici plus nombreux et plus spectaculaires, incrustés dans un rideau rocheux ondoyant comme un immense oriflamme. Le site romain, la cité de Suas (d’où dérive Chaouach qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, n’a aucun rapport avec la chéchia, pas plus que le patronyme Chaouachi), Suas, donc, est beaucoup plus étendu que Thoccabri avec des captages et des monuments beaucoup plus imposants, le tout situé non pas en pente, mais au creux d’un val. Idem pour l’influence andalouse et… pour les dégâts qu’elle subit.

Ici, la vue sur la vallée de la Mejerdah est incomparablement plus belle, et plus ample; un véritable ravissement pour les yeux qui se prolongera jusqu’à maturation des cultures.

Et quelle nouveauté, à Chaouach, hors son héritage andalou? Pas vraiment de nouveauté, si ce n’est cette nouvelle route qui prolonge l’ancienne qui s’arrêtait en cul-de-sac, pour relier le village à la départementale que nous empruntons au sortir de Mejez. Bucolique, sans souillures. Et elle a l’avantage de rapprocher le site de Suas, qu’elle frôle.

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