Les Andalous – musulmans et juifs – chassés d’Espagne arrivèrent en plusieurs vagues en Tunisie. Originaires de Castille et d’Aragon, les futurs fondateurs de Testour s’étaient d’abord installés à Khirufa, à une douzaine de km au nord de Testour, mais leurs pratiques agricoles ayant donné de très bonnes récoltes et des profits importants, ils se virent durement imposés par l’administration turque et décidèrent de partir après avoir arraché leurs arbres. Ils fondèrent Testour en 1609, sur l’emplacement de l’ancienne Tichilla romaine. Ils gardèrent longtemps leurs anciennes habitudes en ce qui concerne l’architecture, l’agriculture, la cuisine et continuèrent à parler espagnol pendant plus d’un siècle. La dernière corrida eut lieu sur la grande place en Juillet 1720. Le premier quartier construit fut Ribat al Andalus, qui comportait une petite mosquée .Une seconde vague d’immigrants arriva quelques années après et c’estalors que furent construits la Grande Mosquée ( par Mohamed Tagarino), et deux nouveaux quartiers : les Tagarins et la Hara .
La médina morisque est formée de trois quartiers : quartier des Andalous, des Tagarins et Hara . Trois rues principales parallèles, reliées par des rues plus étroites perpendiculaires, délimitent des îlots allongés. La grande place est le centre de la vie de la cité et constitue un exemple précoce de l’apparition d’une place de type européen dans le Maghreb ; plusieurs édifices la bordent : La Grande Mosquée, le hammam , les cafés. Le souk occupe l’artère centrale.
La Grande Mosquée témoigne de l’architecture morisque en Tunisie : toiture de tuiles, minaret formé d’une tour carrée sur laquelle reposent deux tours octogonales (restaurées au XX° siècle) ; l’ensemble rappelle certains clochers de Tolède. Au 2° étage du minaret se trouve le cadran d’une horloge dont les aiguilles tournaient en sens inverse du sens habituel. Deux étoiles de David sont bien visibles sur ce minaret et témoignent de la tolérance des communautés religieuses venant d’Andalousie. Le mirhab est surmonté d’un fronton rappelant la Renaissance espagnole et comporte les symboles des trois religions monothéistes.
La Mosquée de Ribat el Andalous fut la première construite mais détrônée par la Grande Mosquée, elle a été désaffectée et est en ruines.
La Mosquée Sidi Abd el Latif, se dresse dans le quartier des Tagarins . Sa façade et son minaret en font l’une des plus beaux monuments religieux de Testour.
Tombeau du Saint Juif Es Saad Rebbi Fradji Chaoua : rabbin et médecin venu d’Espagne via Fez et mort à Béja en 1610 ; sa volonté était d’être enterré là où la mule qui emporterait son corps s’arrêterait: ce fut à Testour où son tombeau est encore un lieu de pèlerinage. De nombreux marabouts sont intéressants : et en particulier ceux de Sidi Ali El Eryyane et de Sidi Nasser El Garouachi
La Maison de la Culture est située dans la maison de la célèbre chanteuse Habiba M’Sika : celle-ci a connu une fin tragique puisqu’elle fut brûlée vive par son amant trahi. Au cours de la visite nous pourrons entendre un concert de Malouf , musique traditionnelle de Testour.
MEDJEZ EL BAB
Passage du Pont sur la Mejerda dont la construction ,attribuée aux Andalous , fut terminée en 1677/1087H . Direction de la gare, traversée de la voie ferrée puis route de Toukaber, Chaouach. Ces deux petits villages perchés sur des pitons rocheux dominant la vallée de la Medjerda méritent le détour à cause de leur site et de leur passé.
TOUKABER
Premier village rencontré, a succédé à la ville romaine nommée Thuccabor qui possédait un important réseau de captage de sources et d’irrigation : des citernes sont encore visibles. Des haouanets sont visibles dans la falaise.
CHAOUACH
Village perché en haut d’un piton rocheux, au bout d’une petite route accidentée qui ne mène nulle part ailleurs, Chaouach a une histoire remarquable qui se lit dans les pierres et dans la mémoire de ses anciens. L’endroit fut habité depuis la préhistoire comme en témoignent des monuments mégalithiques : dolmens perchés sur le plateau, coexistant - fait exceptionnel - avec des tombes creusées dans les falaises( hypogées aussi nommées haouanet ). Ces haouanet sont des tombeaux antiques qu’on trouve en Tunisie mais aussi en Algérie orientale , en Sicile en Sardaigne, à Minorque. Datant vraisemblablement de l’âge du Bronze et d’origine numide ils furent utilisés jusqu’à l’époque romaine. Leur datation est difficile car ils furent systématiquement ouverts et réutilisés. Nombreuses en Tunisie , on trouve de ces sépultures près de la mer ( Cap Bon, la Galite, Djerba), mais aussi à l’intérieur des terres dans le Nord-ouest : Téboursouk, Zaghouan, Sedjenane, Mateur et Toukabeur-Chaouach.. Certaines sont ornéesde peintures ou comportent des sculptures, colonnes, bancs. Pendant la période romaine s’élevait là la ville de Sua dont les ruines sont visibles en contrebas, perdues dans les terres cultivées ; des travaux de captage des sources ont aussi laissé des traces . Des murailles , restes d’une forteresse byzantine , construite en grande partie avec des pierres récupérées des bâtiments romains, dominent le magnifique panorama de la plaine vers la vallée de la Medjerda.
La période arabo -andalouse est aussi passée par là.
La période arabo -andalouse est aussi passée par là.
Enfin, pour tirer ce lieu écarté dans la Modernité, la dernière guerre – comme nous l’a spontanément raconté une habitante-, s’est invitée dans son histoire. L’offensive allemande en Tunisie du Nord rencontra les forces alliées anglo-américano- françaises dans une bataille décisive autour de Medjez el Bab , Toukabeur et Chaouach en Février –Mars 1943 .
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