Disons-le franchement : en cette période d’après-fêtes, on a bien besoin de détente (!), mais guère coûteuse ni en argent, ni en effort. Juste une sortie qui «remette les choses en place», nous fasse retrouver sérénité et bonne humeur
Une petite évasion pas trop éloignée qui sollicite davantage les sens que l’essence. En un mot : profiter sans trop se torturer les méninges. C’est fait ; c’est trouvé : nous irons à Toukaber et à Chaouach. «Deux excursions en même temps ? C’est ça votre proposition soft?». Mais n on; plutôt deux délectations en une seule sortie
Toukaber, ancienne Thoccabri Toukaber qui, au gré des sinuosités de la route, se montre et se cache, apparaît enfin, surplombant des pentes plantées en drus vergers. C’est l’ancienne Thoccabri, dont, apparemment, l’étymologie renvoie à la présence de tombes, les caveaux funéraires libyques aménagés dans la roche, en amont du village, au surplomb de la vallée. Voilà pour la présence libyque. La présence romaine, elle, est beaucoup plus dense. Ce sont d’abord les captages de sources qui alimentent encore le village et arrosent les vergers et dont l’aménagement antique est parfaitement reconnaissable. Ce sont aussi les 6 citernes encore debout à l’entrée du village et reconverties en… écuries. Ce sont encore les deux arches et d’autres citernes à demi-enfouies dans le sol d’un verger accroché aux pentes dévalant au pied de la localité. Ce sont, enfin, bien d’autres choses encore sous sol. Là ne s’arrêtent pas les particularités du village qui a subi, mais nous ne l’avions guère soupçonné la première fois, une influence andalouse. N’allez pas chercher de décors en stuc ouvragé, mais simplement l’organisation de l’espace dans les demeures anciennes et, surtout, les toitures en briques, si caractéristiques. C’est la deuxième découverte effectuée après l’ascension du minaret de la mosquée retapée à neuf. Mais les signes annonciateurs de la disparition imminente de ce patrimoine se sont multipliés depuis cette découverte. Chaouach, la cité de Suas Allons à présent quelque trois kilomètres plus loin. C’est Chaouach. Les mêmes éléments civilisationnels constituent le fonds patrimonial de cette localité. Celle-ci est nettement plus grande et plus peuplée que la précédente. Et tout y est en proportion : les caveaux funéraires sont ici plus nombreux et plus spectaculaires, incrustés dans un rideau rocheux ondoyant comme un immense oriflamme. Le site romain, la cité de Suas (d’où dérive Chaouach qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, n’a aucun rapport avec la chéchia, pas plus que le patronyme Chaouachi), Suas, donc, est beaucoup plus étendu que Thoccabri avec des captages et des monuments beaucoup plus imposants, le tout situé non pas en pente, mais au creux d’un val. Idem pour l’influence andalouse et… pour les dégâts qu’elle subit. Ici, la vue sur la vallée de la Mejerdah est incomparablement plus belle, et plus ample; un véritable ravissement pour les yeux qui se prolongera jusqu’à maturation des cultures. Et quelle nouveauté, à Chaouach, hors son héritage andalou? Pas vraiment de nouveauté, si ce n’est cette nouvelle route qui prolonge l’ancienne qui s’arrêtait en cul-de-sac, pour relier le village à la départementale que nous empruntons au sortir de Mejez. Bucolique, sans souillures. Et elle a l’avantage de rapprocher le site de Suas, qu’elle frôle. |
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